SLG est un artiste photographe, performeur visuel, réalisateur de sets dj et vj, originaire de La Rochelle. Son univers, poétique et agité, offre une représentation originale et variée de la technique du light painting. Ses oeuvres véhiculent des émotions contrastées témoignant de la complexité de son travail artistique.
La peinture de lumière sensationnelle
A travers son exposition, intitulée « Light Face(s) », SLG nous plonge au coeur du « light painting », la «peinture de lumière». Se situant à la frontière entre le néo-expressionnisme et la science-fiction, l’univers artistique de Stéphane Le Garff apparaît à la fois irréel et mélancolique et laisse une large place au fantasme. On décèle dans les œuvres du photographe une sensibilité exacerbée qui permet d’instaurer un rapport intimiste avec le spectateur. « Je recherche avant tout de la douceur, quelque chose qui puisse m’émouvoir, je ne fais pas de compromis, si je ne suis pas touché par le résultat d’une prise de vue, je ne la garde pas », précise le photographe. Certaines images évoquent même «Le Cri» d’Edvard Munch. SLG nous confie par ailleurs son intérêt pour le cinéma expressionniste et apprécier les réalisateurs Wim Wenders, Murnau ou Alejandro Jodorowsky pour ses BD. Stéphane le Garff travaille à partir d’un appareil photo argentique, il réalise des photos animées et s’interroge, depuis ses débuts, sur les origines de la photographie et du cinéma. Pour cette série de photographies « Light Face(s) » il a travaillé à partir d’un appareil numérique. On pourrait parfois penser à tort que le light painting est un procédé récent, contemporain à l’ère numérique, mais comme nous l’explique le protagoniste, la technique s’est développée dans les années 1930. Gjon Mili, Picasso ou encore Man Ray font partie des acteurs et initiateurs de ce courant et ont développé des séries sur le «space writing» s’apparentant par de multiples aspects à l’art rupestre.
« Light Face(s), expressions humaines artificielles
Les photographies exposées à la Bibliothèque universitaire sont troublantes, presque inquiétantes. Stéphane le Garff confie : « Il y a une densité particulière dans le light painting. Une profondeur infinie, très poétique, qui véhicule une puissance émotionnelle forte. Je ne pourrais jamais avoir exploré en totalité le potentiel de cette technique ». L’artiste effectue pourtant un véritable travail de composition dans chacune de ses prises de vue. Il procède à une recherche de la matière qu’il met ensuite en scène. Il donne vie à des objets comme des mannequins en plastique ou un vieux miroir brisé, qu’il modifie et détourne de leur usage, faisant apparaître d’étonnants détails avec la lumière. « Je travaille à partir de modèles en plastique, avec la lumière je réalise un visage, je recherche les formes que je veux donner, d’une matière filandreuse, je fabrique une chevelure». Le photographe ajoute également : « C’est à la fois un avantage et une condamnation cette tendance que nous avons tous à projeter de l’humain, de l’affect et du sentiment, dans ce qui nous entoure. C’est pour cela que j’aime jouer à faire apparaître des expressions humaines sur des modèles en plastique et recréer une ambiance surnaturelle, voire extraterrestre avec des créatures séduisantes et dangereuses. Mon exposition « Light Face(s) » montre qu’il y a autant de visages que de personnes qui regardent ».
Une dimension sociale
Stéphane le Garff a co-fondé en 2001 l’association « Nyktalop Mélodie », dédiée à la création sonore et visuelle et est également à l’origine du festival Ofni, qui fêtera sa 13e édition en novembre 2015. Dans le cadre de l’association, il intervient auprès de différents publics pour effectuer des ateliers artistiques de médiation de pratiques de l’image. Il anime notamment des ateliers en prison où tout est créé in situ. Les détenus s’inscrivent aux ateliers sur la base du volontariat, sans savoir préalablement de quoi il va s’agir. «Contrairement à un public déjà sensibilisé comme des étudiants en option cinéma, il y a un rapport authentique et spontané avec les détenus. La photo et le cinéma leur sont bien souvent inconnus. Ensemble, on part de la base pour créer et travailler plein de matières. Les détenus ont une capacité de concentration impressionnante. Ils viennent à l’atelier en sachant qu’ils n’ont rien à perdre. Pour ma part j’essaie d’éveiller en eux cette part de création sous-jacente, de faire changer leur regard sur ce qui les entoure, de percevoir ce qu’il y a autour d’eux comme un espace de création», nous raconte le directeur de l’association.
L’une des missions de SLG est bien celle de décloisonner son art, d’aller à la rencontre de publics hétéroclites, de susciter des émotions et, à travers son médium, de mettre en lumière l’environnement, ce terrain de jeu naturel qu’il peut recréer et réinterpréter au gré de ses inspirations et pulsions artistiques.
* Le « light painting » est une technique de prise de vue qui consiste à immortaliser un sujet sur un environnement sombre en déplaçant une source lumineuse pour y révéler les traces lumineuses et apporter un effet de mouvement.
* 2015 a été proclamé par l’UNESCO l’année internationale de la lumière. C’est dans ce cadre que la Maison de l’étudiant de l’université de La Rochelle a mis en place « La Nuit de la lumière ». Une façon de célébrer et sensibiliser le public à ce thème omniprésent dans notre quotidien.
Plus d’informations sur les liens suivants :
http://www.nyktalopmelodie.org/ofni/index.php