Rencontre avec Perrine Gabrielsen, danseuse et chorégraphe émérite

Perrine

Le festival « Les étudiants à l’affiche » de l’université de La Rochelle fête ses 15 ans. Rendez-vous artistique et culturel devenu incontournable, la manifestation propose au public de découvrir les créations originales réalisées durant l’année, le temps d’ateliers animés par des professionnels du spectacle vivant à destination des étudiants et salariés de l’université.

Nous avons rencontré Perrine Gabrielsen, professeur et chorégraphe de danse contemporaine, pour qu’elle nous parle de son parcours et de sa passion fougueuse pour la danse.

Peux-tu nous parler de tes débuts et de ce qui t’a amené vers le métier de chorégraphe ?

J’ai commencé la danse à l’âge de 5 ans et demi. J’ai pris des cours de danse classique et de jazz jusqu’à mes 17 ans, dans une petite école de Rochefort. C’était mon activité extrascolaire. Je n’avais jamais pensé en faire mon métier. Je ne souhaitais pas aller au Conservatoire, la première fois que je suis entrée dans un tel lieu, c’était pour y enseigner ! Après mon Baccalauréat, je suis partie étudier les Langues Étrangères Appliquées et les Lettres Modernes à la Sorbonne Nouvelle, à Paris, et c’est à ce moment-là que la danse est apparue comme une évidence. L’atmosphère artistique de la capitale me faisait rêver. J’ai alors décidé que les études dites « classiques » m’attendraient, pas la danse. Je me suis lancée et je suis devenue professeur diplômée d’État. J’ai dansé pour différentes compagnies et divers chorégraphes, et je prends chaque jour qui passe, davantage de plaisir à exercer, quand je le peux, le métier de chorégraphe.

Quelles sont tes influences artistiques ?

Adolescente, j’ai vu sur la magnifique scène de La Coupe d’Or à Rochefort, Benjamin Lamarche danser Icare. C’était ma première rencontre avec la danse contemporaine et je me souviens m’être dit en sortant « C’est ce que je veux faire! ». J’ai donc longtemps aimé le travail de Claude Brumachon. Aujourd’hui, j’affectionne particulièrement le travail de Sidi Larbi Cherkaoui, d’OhadNaharin et d’HofeshShechter, des danses physiques et puissantes.

Durant tes années de danseuse au sein de compagnies professionnelles, qu’est-ce qui t’a le plus marqué ?

 Mon bonheur ! Mon épanouissement ! Ma plénitude ! J’ai eu la chance d’être danseuse permanente d’une compagnie portugaise, à Lisbonne, pendant deux ans. 6h de travail quotidien pour préparer les représentations locales et les tournées. Je prenais toujours beaucoup de plaisir. L’entente entre toute l’équipe était excellente. J’aimais la complicité, l’entraide, l’esprit familial qui régnait. J’y ai fait de très belles rencontres professionnelles, artistiques et amicales. Cette compagnie (Companhia de Dançade Almada) n’avait pas de chorégraphe attitré, elle fonctionnait seulement avec des chorégraphes invités. C’était fascinant puisqu’à chaque création, nous changions d’écriture, d’esthétique, d’univers. Cela a été extrêmement formateur pour moi.

Depuis plusieurs années tu enseignes la danse à l’Université de La Rochelle et auprès des élèves en classe ART DANSE du lycée Dautet, qu’est-ce que t’apporte cette expérience auprès de ces publics?

Ces deux lieux où j’interviens à La Rochelle représentent pour moi un véritable cadeau ! Au lycée Dautet, je fais des interventions dans les classes spécialisées de Pascale Mayéras qui est d’une générosité incroyable et d’un professionnalisme à faire complexer la planète entière ! Sans parler de sa culture chorégraphique. Travailler à ses côtés est un luxe. Quant à l’Université, c’est mon cocon ! J’adore y enseigner. Mes deux cours hebdomadaires sont ouverts aux étudiants comme aux personnels enseignants. C’est très riche, le temps d’un cours de danse toutes les tranches d’âges et tous les univers se mélangent : Universités, écoles de commerce, écoles d’infirmières, ingénieurs, le lycée hôtelier et j’en passe… J’y fais de très belles rencontres. J’y ai en plus une liberté totale, ce qui est très agréable. En plus des cours techniques, j’ai fait le choix de produire chaque année une création chorégraphique avec ces danseurs amateurs comme si nous étions une véritable compagnie.

Dans le cadre du festival des « Étudiants à l’Affiche », tu chorégraphies une pièce intitulée « Non ! », peux-tu nous parler de ce projet ?

Cela a commencé au moment des attentats de début janvier. Je n’étais pas bien, j’avais peur, mal partout, au dos, au ventre, je pleurais. J’ai ressenti un réel besoin, égoïste et cathartique, de me servir de mon art pour aller mieux, pour évacuer les choses. Avec les étudiants de l’Université de La Rochelle, nous travaillions depuis le mois de septembre sur On ne badine pas avec l’amour de Musset et sur les relations entre les hommes et les femmes en général. Comment aurais-je pu continuer, comme si de rien n’était, à parler des relations humaines ? C’était impossible. Je leur ai donc proposé de mettre ce projet de côté et de créer ensemble une nouvelle pièce autour de ces événements. Depuis, le projet s’est élargi aux diverses actualités tragiques de tout ce premier trimestre dans toute notre folle planète. Il n’y a, bien sur,  aucune prétention là-dedans. Nous savons que ça ne changera rien, que ça ne révolutionnera pas la face du monde. C’est seulement un besoin, un besoin vital. Une manière pour nous, artistes, danseurs, d’extérioriser les choses. Nous n’allons pas donner notre avis ou tenter de rentrer dans je ne sais quelle interprétation. Nous allons simplement mettre en scène, en musique et en mouvements nos images, nos sentiments ressentis.

Pour toi la danse est donc un langage à part entière ?

Oui, bien sur ! Comme tout art… Je ne suis pas une grande bavarde. Par contre, je tente de m’exprimer par la danse. J’aime aussi écrire.

Quels sont tes projets à venir ?

Pour avoir une nouvelle corde à mon arc, j’ai fait le choix cette année de mettre la danse entre parenthèses pour reprendre une formation. Mais, même si je ne regrette en rien cette année d’études bonus, il n’y a pas un jour où la danse ne me manque pas. Mon projet est donc de la retrouver au plus vite.

 

 Informations complémentaires :

« Non ! » sera présentée les 30 et 31 mars, à 20h30, à la Maison de l’Étudiant à l’occasion du festival « Les Étudiants à l’Affiche ». Entrée gratuite sur réservation à effectuer dès le 23 mars auprès de La Maison de l’Étudiant 05.16.49.67.76. (Nombre de places limité).

Retrouvez plus de renseignements ci-dessous :

http://www.univ-larochelle.fr/Etudiants-a-l-affiche

 

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