L’aventure Springtime Delights a débuté en 2010, sous l’initiative d’Antoine Robert, alors étudiant en licence professionnelle « Management des organisations spécialité patrimoines, langues et tourismes » à l’université de La Rochelle. Passionné par la Street et la Board culture, il décide d’en faire l’objet de son projet d’étude. L’idée : créer un pont entre le patrimoine bâti et ancien de la ville et les cultures émergentes actuelles et populaires liées au patrimoine immatériel, parfois méconnues ou encore mal jugées par les pouvoirs publics. Pour cette nouvelle biennale, le festival se dote d’une envergure internationale, réunissant ainsi artistes locaux et internationaux.
Springtime Delights, un nom évocateur
Le titre du festival n’a pas été choisi par hasard. Springtime Delights ou littéralement « Les plaisirs du Printemps » symbolise le renouveau. «Son caractère cyclique évoque le retour inévitable de la vie après la mort. Après la période hivernale symbolisant la mort, le passé dont les tours de La Rochelle sont les garantes… Il s’agit de réinvestir ces monuments, de redonner vie à ce qui est figé, de valoriser ce qui est fait par les vivants » explique l’organisateur de l’évènement. C’est donc tout naturellement que les graffitis, certains datant du XVIIIème siècle réalisés par les prisonniers anglais lors de la guerre de sept ans, côtoient des œuvres ancrées dans l’air du temps signées Kebz, Grosse Souris, Rebeb, Rylsee, Vidam…
Le Street Art, un art parfois mal jugé
Le Street Art, assimilé à tord au vandalisme, suscite parfois la polémique. « Il faut selon moi sortir de l’expression « street art » qui est vraiment sujet à controverse et qui exclut quelque part le graffiti, qu’on ne trouve pas seulement en milieu urbain et qui est une pratique qui existait déjà au temps de la préhistoire, sur les parois des grottes. Il est plus adapté de parler d’interventions artistiques dans les espaces publics » précise Antoine Robert. Il suffit de regarder les œuvres des artistes présents durant ces deux mois pour se rendre compte de la diversité et de la richesse du mouvement, actuellement en pleine expansion. Que ce soit au regard des matériaux utilisés, des supports de création, des thèmes figuratifs abordés, des références culturelles présentes ou des milieux sociaux qui cohabitent. Il y a d’une part les artistes issus de la rue, d’autres part ceux qui ont reçu une formation académique. Il ne s’agit pas de réduire le street art à une bombe de graffiti mais bien au contraire de montrer qu’il fait appel à une multitude de techniques, peinture, graphisme, pochoir, pinceau, collage, stickers et qu’il s’installe dans une logique d’évolution de l’art désormais intégré à notre environnement.
L’évènement est donc aussi l’occasion d’une réflexion autour du graffiti. « Il faut sensibiliser les gens à la nécessité d’espaces légaux d’expression. La liberté d’expression à vocation artistique ne doit pas être réprimandée ou verbalisée, on ne parle pas là de tags insultants mais d’œuvres avec une véritable démarche artistique. De plus dans un espace illégal, les œuvres seront faites à la va-vite et de moindre qualité. Il faut prendre conscience du poids que ça représente pour une partie de la population qui s’exprime parfois uniquement par ce biais là, il faut que le regard des autorités change » ajoute le fondateur du festival. Le Springtime c’est aussi l’histoire d’un lieu unique : le quartier du Gabut. «C’est un espace clé situé entre la ville historique et la nouvelle ville vue par Michel Crépeau. Les gens tiennent à ce lieu, c’est un endroit magique pour les artistes, face à la mer. Cette nouvelle édition est aussi la preuve qu’on peut y faire des choses avec des artistes de renommée mondiale et qu’il serait dommage de le raser pour un hôtel 5 étoiles».
La nouveauté de cette édition : la facette musicale, et notamment Hip Hop, qui n’existait pas dans les précédentes éditions. De nombreuses dates de concerts ont été prévues pendant toute la période du festival, d’abord à la Maison de l’étudiant pour le week-end de lancement. Les artistes Flynt, Nasme et DJ Blaiz étaient de la partie, pas moins de sept soirées ont été programmées au bar de l’Alibi avec de grands noms tels que RES, DJ Shere Khan, DEF… Des évènements ont aussi eu lieu au Centre Intermondes, à la Coursive ou encore à la Sirène avec plusieurs pointures telles que Jean du Voyage ou Crazy Monkey.
Le festival a réussi le pari de mêler la street et la board culture en créant une connivence entre des pratiques artistiques bien spécifiques et des pratiques sportives telles que le skate ou le surf. On a pu assister à des démonstrations, des performances et aussi à des ateliers d’initiation tout public. La découverte de ce 3ème volet du festival réside dans le travail de The Blind, un artiste au service des aveugles et des malvoyants. Il expose, en plus de maquettes en relief déjà présentes sur le site, ses œuvres en braille dans le décor chargé d’histoire de la Tour de la Lanterne.
Les deux journées de lancement ont permis de redécouvrir le paysage urbain faisant disparaitre les voitures du parking du Gabut au profit d’une vision aérée et panoramique des œuvres éphémères. Ce qu’on retient du Springtime Delights: des artistes accessibles, passionnés, qui nous font partager leur univers. Un festival éclectique, surprenant et définitivement : vivant !
Infos pratiques :
Jusqu’au 11 mai 2014, expositions dans la Tour St Nicolas (rue de l’Armide, 17000 La Rochelle) et la Tour de la Lanterne (rue sur les Murs, 17000 La Rochelle). Téléphone : 05 46 41 56 04
La fresque de Crazy Monkey au Centre Intermondes (11 Rue des Augustins, 17000 La Rochelle). Téléphone : 05 46 51 79 16 .
Vendredi 9 Mai : concert de DEF à l’Alibi 53 rue St Jean du Pérot
Samedi 10 Mai : soirée de clôture à l’Alibi, programmation surprise
Liens : Site web Springtime Delights / Facebook / Programme du festival