Critique d’« OPUS 14 », le nouveau spectacle de Kader Attou à La Coursive

©Michel Cavalca
©Michel Cavalca

14e opus pour le chorégraphe prodige de La Rochelle. Après un franc succès à la biennale de la danse de Lyon en septembre dernier, Kader Attou présente sa nouvelle création à La Coursive à l’occasion de la réouverture du Grand Théâtre.

 Un spectacle de hip-hop ? Oui mais pas seulement. C’eût été trop simple et peu représentatif du travail de Kader Attou. Au-delà du hip-hop, il s’agit davantage d’un ballet urbain et contemporain. Un ballet cosmopolite composé de seize personnalités alternant acrobaties puissantes et poésie du mouvement.

Dans un décor habillé de volutes grises, peintes par Ludmila Volf, ils évoluent en solo, en nombre pair ou impair, mais le plus souvent tous dans un même et bel ensemble. Mais pas en communion. Là se trouve le contraste peut-être recherché de Kader Attou.

Les corps souvent se mêlent et s’entremêlent ou dansent côte à côte, mais jamais les regards ne se croisent. Les visages sont neutres, comme déshumanisés. Seule la fluidité des corps rappelle l’humanité de ce groupe qui semble vouloir se défaire de ses chaînes dans un chaos furibond. Une unique fois, un homme et une femme brisent cette règle d’indifférence dans un « mains à mains » d’une (trop) brève intensité.

La musique de Régis Baillet, accompagne impeccablement ces changements de tableaux mouvants, passant du rythme effréné de l’électro à des morceaux de piano qui agrémentent des instants d’apesanteur d’une grande beauté. Les battements rythmiques sonnent autant comme des pulsations cardiaques d’une humanité cherchant à revenir à la vie, que d’un disque rayé ou d’une batterie en panne à recharger d’urgence.

La force de cette chorégraphie repose sur l’oscillation entre un monde de corps désarticulés à la gestuelle saccadée, et la douceur et la limpidité retrouvées à mesure que le désordre s’efface.

L’énergie dégagée par ce ballet de seize danseurs a ravi une nouvelle fois le public de La Coursive. Aussi communicative que l’émotion portée par la voix de Caruso, dans le tableau final, interprétant La romance de Nadir des Pêcheurs de perles de Georges Bizet.

Le regard perdu au loin des danseurs et l’air de cet opéra hanteront pour quelques temps la mémoire des spectateurs rochelais. Un nouveau pari réussi pour Kader Attou.

©Michel Cavalca
©Michel Cavalca

Opus 14 – Représentation à la Coursive les 17, 18, 19, 20 décembre 2014

Direction artistique et chorégraphie : Kader Attou

Musique : Régis Baillet — Scénographie : Olivier Borne — Création lumières : Fabrice Crouzet

Interprètes : Mickaël Arnaud, Sim’Hamed Benhalima, Damien Bourletsis, Amine Boussa, Sarah Bouyahyaoui, Bruce Chiefare, Babacar « Bouba » Cissé, Virgile Dagneaux, Erwan Godard, Nicolas Majou, Kevin Mischel, Jackson Ntcha, Artem Orlov, Mehdi Ouachek, Nabil Ouelhadj, Soria Rem.

http://www.la-coursive.com/

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